Le saviez-vous ?

Le saviez-vous ? Toutes les réponses aux questions que vous vous posez sur la Collection Lambert, ses expositions, ses artistes, ses œuvres mais aussi la révélation de ces petites histoires qui écrivent la grande. Un format court qui vous permettra d’en savoir un peu plus au jour le jour…

×

Silence in the museum est une œuvre de Douglas Gordon.

Internationalement reconnu depuis le début des années 1990, l’artiste écossais expérimente vidéos, installations, photographies ou textes muraux et puise son inspiration dans l’art conceptuel, le cinéma, la littérature ou la culture rock.

Clin d’œil au film « Papillon » de 1973 avec Steve McQueen et Dustin Hoffman dans lequel le mot SILENCE est inscrit sur le mur de la prison ? Injonction pour le visiteur ?

Ecrite en lettres majuscules monumentales noires sur le mur de façade de l’Hôtel de Caumont depuis 2008, l’œuvre Silence in the museum invite chaque visiteur à entrer dans le musée en se préparant à vivre une expérience unique dans un lieu qui l’est tout autant. Plus que le silence, l’artiste propose surtout un temps de pause pour se concentrer sur ses ressentis et émotions, au contact des œuvres qu’abrite le musée.

Douglas Gordon, Silence in the Museum, 2008

© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon / Studio lost but found / Adagp, Paris 2020

Visuel du film  « Papillon » de 1973

1/1
Les oeuvres permanentes de la Collection Lambert

Quinze œuvres sont exposées de manière permanente dans le musée. Certaines sont monumentales et visibles dès l’entrée, d’autres sont plus discrètes, voire cachées, mais toutes imprègnent les lieux, racontent l’histoire d’amitié d’Yvon Lambert avec les artistes et participent à l’identité de la Collection.

Chaque semaine, nous vous proposons de les découvrir ou redécouvrir sur nos réseaux.

×

Le saviez-vous ? #1

La Collection Lambert se déploie dans deux hôtels particuliers.

Le premier, l’Hôtel de Caumont a été construit en 1720, d’après les plans de Jean-Baptiste Franque, célèbre architecte. Il était la propriété de Joseph de Seytres, Seigneur de Verquières-en-Provence et Marquis de Caumont, et était considéré comme l’hôtel particulier « le plus élégant d’Avignon ».

A côté, un peu plus modeste, l’Hôtel de Montfaucon, d’abord propriété du Seigneur de Costebelle puis du duc de Galéans-Gadagne, a été construit lui aussi à partir des plans de Jean-Baptiste Franque en 1751.

Avant d’être un musée, l’Hôtel de Caumont a abrité l’université de Lettres puis a ensuite été transformé selon un programme muséographique suivi par l’architecte Rudy Ricciotti.

 

En 2015, le musée double ses surfaces d’expositions, en investissant l’Hôtel de Montfaucon, ancienne École Supérieure d’Art d’Avignon, entièrement réhabilité par Cyrille et Laurent Berger. Les deux architectes ont repensé ce bâtiment en reprenant la tradition d’un white cube, mais aussi en modulant les espaces et en accordant une attention particulière aux lumières, naturelles et artificielles, faisant de l’Hôtel de Montfaucon, un écrin pour les oeuvres qu’il accueille.

Le saviez-vous ? #2

Pourquoi la guerre dans les titres des photographies de Louise Lawler ?

Louise Lawler, War is Terror, 2003
Collection privée Paris
© Julia Margaret Cameron / Metro Pictures, New York

Si vous lisez les titres de certaines photographies de l’artiste américaine Louise Lawler réalisées à la Collection Lambert, vous remarquerez qu’ils font références à la guerre : Drop Brushnot Bomb ou War is Terror. Aucune des images ne traite pourtant de faits violents. Il s’agit comme toujours pour Louise Lawler de prendre des photographies d’œuvres d’autres artistes dans leur contexte d’exposition. Ici nous découvrons un Wall drawing de Sol LeWitt dans l’hôtel de Caumont ou une photographie de Julia Margaret Cameron dans un intérieur privé près d’Avignon.

C’est en réalité l’actualité qui a amené l’artiste à mentionner la guerre dans ses titres. Nous sommes au lendemain du 11 septembre 2001. Les Twin Towers viennent de s’effondrer, percutées par deux avions détournés par des terroristes. L’artiste est bloquée à Paris, sans nouvelle de ses proches et sans possibilité de rentrer chez elle. Yvon Lambert l’invite à partir pour Avignon trouver le repos chez lui et dans le musée créé à peine un an plus tôt. Elle y produira une série de photographies qu’elle donnera plus tard au musée et dont certaines portent dans leur titre les blessures de l’histoire…

Louise Lawler, Drop Bush not Bombs, 2001

Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

© Sol LeWitt / Metro Pictures, New York

 

 

Le saviez-vous ? #3

Mur chez Lambert

Mur chez Lambert est l’une des pièces majeures du musée. En 1973, l’artiste Brice Marden choisit un mur dans l’appartement de son galeriste, puis réalise l’œuvre aux dimensions du mur pendant un mois, directement sur place, pour le plus grand plaisir d’Yvon Lambert qui retrouve l’artiste chaque soir et s’imprègne des effluves de peinture et de cire, devenant le témoin privilégié de la création de l’oeuvre. Il s’agit d’un triptyque fait de panneaux peints à l’huile et à la cire, aux couleurs grises, brunes, vertes.

L’œuvre « porte la trace d’une quantité d’épaisseur de peinture et de cire, passées avec un couteau très souple, qui lui donnent sa sensualité » mais aussi une transparence et une matité inouïe.

Brice Marden, Mur chez Lambert, 1973
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Le saviez-vous ? #4

Andres Serrano

Le célèbre photographe Andres Serrano a été le premier artiste à pouvoir pénétrer dans la Chapelle du Rosaire (ou Chapelle Matisse) à Vence pour y travailler en 2015. Il y a produit une de ses plus belles séries sur la religion, exposée dans le cadre de l’exposition Ainsi soit-il, la même année. Il avait déjà été un des premiers artistes depuis près de 50 ans à pénétrer dans la célèbre Comédie Française pour y réaliser le portrait de la troupe à l’occasion d’une commande publique initiée par la Collection Lambert, qui possède l’un des fonds les plus importants fonds au monde d’oeuvres de l’artiste  avec plus de 200 photographies.

A travers ses photographies qu’il produit sous formes de séries et qui rappellent la beauté et la puissance des peintures classiques, l’artiste interroge la société contemporaine dans ce qu’elle a de plus sombre : la violence et la domination, la pauvreté, la mort, nos rapports au corps et au sexe ou à la religion, sans aucun tabou.

Andres Serrano, Matisse Chapel, 2015
© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Andres Serrano, Father Trobatas, 2015
© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Andres Serrano, Yellow, Blue, Green, 2015
© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Andres Serrano, Reflections on the Wall, 2015
© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Le saviez-vous ? #5

L’œuvre Blue Moon III a été offerte au musée par l’artiste Kiki Smith après l’exposition « Les Papesses » en 2013. Artiste américaine d’origine allemande, Kiki Smith appartient à la seconde vague des artistes femmes qui ont influencé le courant des revendications féministes depuis 1970.

Nées de ses rêves, les œuvres poétiques et délicates de l’artiste évoquent la nature, le corps, le monde animal et les relations avec l’Homme, la mythologie religieuse et cosmologique.

Cette lune bleue, entourée d’étoiles bleues, symboles de protection pour l’artiste, témoigne de ce phénomène rare lorsque apparaît une pleine lune supplémentaire, tous les deux ou trois ans. La lune ne porte pas cette couleur bleue pour autant, mais on utilise en anglais le terme « blue moon » pour qualifier un évènement très rare.

 

Kiki Smith, Blue Moon III, 2011
© Collection Lambert, Avignon

Le saviez-vous ? #6

L’œuvre La Montagne Sainte-Victoire de Giulio Paolini rend hommage à Paul Cézanne, peintre amoureux de cette montagne près d’Aix-en-Provence. Artiste italien et fondateur de l’Arte Povera, Giulio Paolini décompose la peinture dans cette installation où plusieurs éléments et morceaux de bois forment un enchevêtrement de structures géométriques : rectangle, carré, ligne. L’artiste choisit de ne garder que les outils traditionnels du peintre d’hier : des châssis, deux chevalets, une toile blanche. Les cadres vides recadrent et encadrent une toile vierge, laissant par la composition deviner la montagne en perspective.

Giulio Paolini, La montagne Sainte-Victoire, 1995
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Le saviez-vous ? #7

C’est en découvrant pour la première fois l’œuvre de Claire Fontaine, Foreigners Everywhere (Etrangers partout) installée dans la prison Sainte-Anne lors de l’exposition « La disparition des Lucioles », que les membres de l’association des Amis de la Collection Lambert ont décidé d’en faire l‘acquisition pour le musée ; comme en souvenir de ce projet aussi poétique que pharaonique qui accueillit pas moins de 80 000 visiteurs en 2014.

Le collectif Claire Fontaine mélange tous les types de médiums possibles mais souvent la simplicité des matériaux utilisés contraste avec la force du message, ici aussi actuel qu’essentiel. Leur travail questionne entre autres la société contemporaine, la politique, la violence.
Ce néon écrit en arabe et en hébreu a été conçu pour le quartier Sainte Marthe à Paris – carrefour des populations où se mêlent plusieurs communautés – et a été traduit dans une vingtaine de langues parlées dans le quartier : en arabe, chinois, créole, hébreu, italien…

Claire Fontaine, Foreigners Everywhere (Arabic/Hebrew), 2010
© Collection Lambert, Avignon
Crédits photo : Pascal Martinez

Le saviez-vous ? #8
Žilvinas Kempinas 

 

L’artiste lituanien Žilvinas Kempinas a réalisé l’une des œuvres les plus envoûtantes du musée. Intéressé par l’art cinétique des années 1960, il questionne et expérimente la question du mouvement dans l’art.

Pour cela, l’artiste va à l’essentiel et utilise peu de matériaux : un ventilateur industriel installé au plafond et une bande magnétique qui ondule inlassablement et crée un univers plastique où se dessine dans l’espace des formes aléatoires. Oasis, le titre poétique de l’œuvre, invite chaque visiteur dans un monde mouvant et mystérieux.

Žilvinas Kempinas, Oasis, 2009
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Le saviez-vous ? #9
Mircea Cantor

L’artiste roumain Mircea Cantor a réalisé l’œuvre Another message en 2000, après avoir repris le symbole LOVE imaginé par l’artiste Robert Indiana dans les années 60, lui même repris symboliquement par AIDS dans les années 90.

A la manière d’un logo pop et acidulé, Mircea Cantor apporte à travers cette œuvre une fine critique de la société contemporaine, une réflexion sur les aspects positifs et négatifs de la globalisation. La peinture murale VISA évoque la situation des voyageurs sans papier, sans carte de séjour, sans visa, racontant ainsi l’actualité.

L’artiste se place très souvent à la croisée de mondes et permet des rapprochements de mentalités, comme un témoin attentif de la société et des cultures.

Mircea Cantor, Another message, 2000
Crédit photo : François Deladerrière
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

1/1
Le bâtiment
×

Cy Twombly, Pan, 1980

« Cy Twombly a la même passion que moi pour la mythologie. Nous avons la même manière d’aborder ces histoires où le destin des humains est soumis aux seuls caprices des dieux et déesses, non pas en érudits mais avec une instinctive mise en relation entre toutes les époques de l’histoire de l’art. »

« Pour échapper aux assauts sexuels de Pan, la nymphe Syrinx s’enfuit près d’un fleuve et se métamorphosa en roseau. Pan en cueillit une poignée et en fit l’instrument de musique qui porte son nom. Est-ce alors l’idée des sept notes qui composent la gamme de la musique occidentale que Cy a réinterprétée en divisant cette œuvre sublime en sept morceaux unis par les débordements de son énergie créatrice ? »

Cy Twombly

Pan, 1980

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Nan Goldin, Self-Portrait (All by myself), 1995

« Il me serait impossible de dire combien de fois j’ai vu le slideshow de Nan, All by Myself. Avec la très émouvante chanson d’Eartha Kitt Beautiful at Forty qui assume son âge en scrutant son passé sans nostalgie, Nan avait trouvé là le plus beau support musical pour faire dérouler le temps à travers les 95 images qui constituent son autoportrait presque testamentaire.

(…) Comme tous ses slideshows, celui-ci est unique, le choix des diapositives et leur ordre fut conçu spécialement pour moi. »

Nan Goldin, Self-Portrait (All by myself), 1995

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Niele Toroni, Empreintes de pinceau n°50 à intervalles réguliers (30 cm), 1983

« Si je dois caractériser Niele Toroni, c’est sans hésiter sa fidélité qui me vient immédiatement à l’esprit. Fidèle en amitié car je partage son aventure artistique et son côté épicurien depuis plus de trente ans, fidèle dans son œuvre car je ne connais pas d’autres artistes qui ont suivi comme lui le même chemin sans jamais se détourner du but. »

« Ses empreintes sont devenues les blasons dont on paraît les armures des chevaliers pour qu’ils soient reconnaissables dans les batailles. A elles seules, elles signent un geste, un acte et identifient l’auteur. »

Niele Toroni, Empreintes de pinceau n°50 à intervalles réguliers (30 cm), 1983

© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Miquel Barcelo, Biblioteca, 1984

« Certaines œuvres de Miquel Barceló sont tellement associées à mes passions qu’elles semblent avoir été créées spécialement pour moi ou découler de nos discussions passionnées dans son atelier.

(…) Les œuvres qui me touchent le plus sont liées à une thématique qu’il reprenait souvent à cette époque, celle d’un personnage dans sa bibliothèque qui me rappelle les piles de livres et de catalogues que j’entasse aux quatre coins de ma réserve et de mon appartement. »

Miquel Barceló, Biblioteca, 1984

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Marcel Broodthaers, Bouteille à la mer, 1970-1971

« Marcel Broodthaers aimait comme moi Baudelaire et Mallarmé, et parlait  d’art avec une ironie que je n’ai jamais retrouvée par la suite chez d’autres artistes. Il abordait notamment le marché de l’art et l’argent avec une dérision incroyable, mais ce cynisme dénotait toujours une pertinence géniale quant à la manière d’analyser notre époque. »

Marcel Broodthaers, Bouteille à la mer, 1970-1971

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Robert Ryman, Sans titre (Surface Veil), 1970

« Un tout petit Ryman, quatre bouts de scotch collés sur du papier calque. C’est une petite chose de rien, mais pour moi c’est le plus bel hommage qui soit rendu à la peinture dans sa simplicité. »

Robert Ryman, Sans titre (Surface Veil), 1970

© Collection privée, Paris / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

© Robert Ryman

 

Richard Serra, Equal Rectangles, 1986

« En 1990, je réalisai enfin une exposition de Richard. Deux énormes toiles enduites de cette matière noire si lourde et si prégnante tombaient jusqu’au sol. C’était un spectacle d’une très grande force qui me rappelait ces images si vives dans ma mémoire de mes premières visites dans son atelier. La valeur du temps prenait alors toute une épaisseur qui se matérialisait à travers ces œuvres monumentales. »

Richard Serra, Equal Rectangles, 1986

© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Christian Boltanski, Les Images noires, 1995

« Cette œuvre fait à mon sens parfaitement le pont entre les œuvres minimales de ma collection et les préoccupations plus contemporaines de certains artistes d’aujourd’hui. En effet, le jeu très minimal réside dans cet ensemble de monochromes noirs, qui rappellent ceux de Brice Marden, de Allan McCollum ou plus loin dans le temps de Barnett Newman et d’Ad Reinhardt.

Mais la disposition de ces cadres noirs évoque moins la mort de la peinture, prônée par les grands maîtres de l’Art américain dès la fin des années 1950, que la disparition des images comme autant d’éléments du souvenir qui s’évanouit. »

Christian Boltanski, Les Images Noires, 1995
Donation Yvon Lambert à l’Etat français / Centre national les arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon.
Crédit photo : Pascal Martinez

Richard Tuttle, Any Three Colors on My Mind, 1973

« Il m’est toujours difficile de parler de Richard Tuttle tant ma compréhension de son œuvre passe presque uniquement par la tendresse. J’aime tout son travail depuis trente ans et je ne peux rien dire de plus. En voyant sur mes murs ces œuvres faites de “bouts de ficelle”, de quelques traits de crayons mêlés à des traces de pinceaux, je sais que tout cela repose sur le presque rien, je m’en moque. C’est ce presque rien si subtil qui m’émeut tant. »

Richard Tuttle, Any Three Colors on my Mind, 1973
© Collection Privée / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Robert Barry, Sans titre, 1980

« Avec Robert Barry, il s’agit d’un travail tout en poésie, où les mots à peine inscrits au crayon sur le support pictural agissent comme des zones de sensibilité, s’intégrant parfois dans la composition de l’oeuvre, mais débordant aussi du cadre fixé par l’artiste. (…) Les mots sont là, ils débordent et peuvent s’étendre  au-delà de l’oeuvre, dans l’imaginaire du spectateur comme sur des murs blancs. »

 

Robert Barry, Sans titre, 1980
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Robert Combas, Enée descend aux enfers, 1988

« Alors que ma galerie était réputée pour ses prises de position très théoriques, pour des choix artistiques très radicaux et plutôt austères, Combas représentait la gaieté, l’innocence associées à la boulimie d’un travail non réfléchi, instinctif et impulsif. Aux œuvres plutôt monochromes et épurées de mes artistes habituels s’opposait la couleur dans toute sa splendeur. Je tiens ainsi Robert Combas pour l’un des plus grands coloristes de sa génération. »

Robert Combas, Enée descend aux enfers, 1988
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

On Kawara, I am Still Alive, 1972

« La réception quotidienne de ses télégrammes était le point de départ d’une aventure avec lui qui a duré près de trente ans. Chaque jour, j’étais averti qu’un télégramme allait m’être livré et après passée la surprise du premier, j’attendais avec impatience les suivants. Pourtant tous étaient similaires, avec cette litanie à la fois si ironiques pour certains mais pour moi si émouvante “I am still alive” ? J’avais bien sûr conscience que cette série de messages constituait déjà une œuvre à part entière, mais ce qui me plaisait tant dans cet envoi, c’était d’un point de vue personnel l’encouragement si fort que ces télégrammes suscitaient en moi.

On Kawara, I Am Still Alive, 1972
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Bruce Nauman, I Have Quick Hands, 1974

« Est-ce par mon côté autodidacte et mon absence de formation théorique dans ma jeunesse, j’ai toujours choisi de défendre un artiste et d’aimer son œuvre si elle répondait à mon appétit émotionnel et sensuel plus qu’à une jubilation cérébrale. Je n’ai eu besoin de personne pour me convaincre de miser sur mes artistes les plus radicaux, pour moi, c’est toujours, même aujourd’hui encore, l’idée de se lancer sans réfléchir dans une belle aventure qui dicte mes pas. »

Bruce Nauman, I Have Quick Hands, 1974
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Anselm Kiefer, Cette obscure clarté qui tombent des étoiles, 1996

« Pour Cette obscure clarté qui tombe des étoiles, j’ai ainsi vu Anselm semer dans les champs des milliers de graines de tournesols, photographier les fleurs sous le soleil de septembre, les faire sécher dans l’atelier puis les utiliser comme matériaux bruts, constitutifs de l’œuvre. Tour à tour, les tournesols sont devenus arbres de vie dans les plus récents autoportraits ; en prenant directement racine dans le ventre de l’artiste, ils ont servi aussi à d’incroyables cosmogonies où chaque graine noire symbolise les étoiles d’un savant système solaire. Ils sont déclinés autour de ce vers sublime de Corneille, ce grand dramaturge du XVIIe siècle. C’est la culture française dans toute son élégance qu’Anselm Kiefer a génialement intégrée dans cette œuvre. »

Anselm Kiefer, Cette obscure clarté qui tombent des étoiles, 1996
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Christo, Valley Curtain, Rifle, Colorado, 1971

« En 1971, une première exposition de Christo dans la galerie fut programmée. Un peu comme les Land artistes, Christo allait se mesurer aux éléments, conservant son atelier uniquement pour réaliser les croquis préparatoires des œuvres. Ma galerie fut remplie de toute la documentation concernant l’un des premiers projets monumentaux dans la nature : Valley Curtain. L’opiniâtreté du couple à défendre leurs projets, l’énergie incroyable que déployait Jeanne-Claude nous donnait à tous l’envie de les aider d’une manière ou d’une autre, vendant des œuvres ou donnant des contacts qui pouvaient permettre de trouver des autorisations si longues à obtenir. (…)

Ce dessin fixe dans ma mémoire notre belle collaboration qui permit, d’une certaine manière, de donner jour à cette première réalisation à grande échelle. »

Christo, Valley Curtain, Rifle, Colorado, 1971
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Gordon Matta-Clark, Descending Steps for Batan (Rendez-vous, Sous-sol), 1977

« Pour notre première collaboration, je désirais une œuvre spécifique. C’est tout naturellement que Gordon me proposa de creuser le sol de la galerie. Il fallait certainement être un peu inconscient pour mettre en œuvre un tel chantier mais plus la date de l’exposition avançait, plus nous étions excités ! (…) Nous avons Gordon et moi creusé cassé le sol cimenté de la galerie puis creusé, creusé des jours durant. (…) Après avoir déblayé les morceaux du sol détruit, nous avons découvert une cave – qui était en fait la mienne et dont je ne m’étais jamais servi, puis avec les pioches et les pelles, nous avons continué à creuser ce trou jusqu’à quatre mètres de profondeur. Au fond, les ossements d’un cimetière de l’ancienne Cité gisaient sur le sol. Dans ce trou de 50 cm2, lorsque je regardais en hauteur, je ne pouvais m’empêcher de penser que l’un de nous deux était peut-être en train de creuser sa propre tombe. Toute la terre et les gravats remontés à la surface constituaient une véritable montagne dans la cave. C’était absolument spectaculaire. Pourtant ni le public ni les collectionneurs n’étaient vraiment au rendez-vous. »

Gordon Matta-Clark, Descending Steps for Batan (Rendez-vous, Sous-sol), 1977
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Carl Andre, Turf Yard, 1965

« Turf Yard et Bulk Cake sont constitués selon un procédé commun qui permet de comprendre l’œuvre de cet artiste. Ils associent l’idée d’un élégant jeu poétique et d’une sorte de petit manifeste camouflé. (…)

Ces poèmes se modulent sur un papier quadrillé et deviennent autant passionnants visuellement que d’un point de vue littéraire. Tels des mots croisés sans définition propre, ce sont des assemblages de lettres qui composent parfois un mot mais qui aussi peuvent n’avoir aucun sens. Ils s’étendent case après case ; à l’endroit, à l’envers, l’alphabet s’étirant, s’enrichissant de nouvelles formes. »

Carl Andre, Turf Yard, 1965
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Andres Serrano, Rene, 1990

« La série photographique des Nomads a été ma première rencontre avec l’œuvre d’Andres. C’était à la fin de l’année 80, dans une galerie new-yorkaise, la Stux Gallery.

Immédiatement, je dis à l’ami avec qui je voyageais que je voulais exposer cet artiste dont je ne connaissais encore rien. Il y avait bien eu tous les scandales qui annonçaient la vague du politically correct, avec les foudres du National Endowment for the Arts, furieux de savoir que des aides à la création puissent être utilisées pour défendre des œuvres que les membres de la commission jugeaient obscènes. Mais j’avoue que je découvrais l’œuvre de Serrano, sans être au courant des problèmes que le Piss Christ avait pu susciter. »

Andres Serrano, Rene, 1990
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Lawrence Weiner, Ruptured, 1972

« Cette pièce murale de Lawrence Weiner est simple à réaliser. Cette facilité d’exécution entre d’ailleurs justement dans son processus esthétique. N’avait-il pas été le premier artiste à réinventer totalement le sens même et le statut d’une œuvre d’art en disant qu’une de ses pièces pouvait être réalisée, pouvait aussi ne pas être réalisée, voire enfin réalisée par quelqu’un d’autre. (…)

Pour être fidèle au principe fondateur de l’œuvre, je n’ai pas souhaité donner de directives quant à la manière de peindre ce mot sur un mur. On peut en effet employer des grosses lettres adhésives, les peindre au pochoir ou même se servir d’une simple bombe qu’on utilise pour repeindre les voitures ou faire des graffitis sur les rames du métro. »

Lawrence Weiner, Ruptured, 1972
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Jean-Michel Basquiat, She Installs Confidence and Picks Up His Brain Like a Salad, 1988

« J’aimais l’énergie brute du travail de Jean-Michel, la violence aussi qui s’en dégageait. L’utilisation des couleurs. Je découvrais un nouveau langage qui me plaisait particulièrement. Mais comme souvent, c’est un tout que j’appréciais. Les œuvres donc, mais aussi ce garçon aussi fantaisiste que déterminé et qui adorait parler français. Je dirais d’ailleurs que j’ai pris pleinement conscience de l’extrême profondeur de son œuvre à son contact, en partageant des moments privilégiés avec lui, en l’écoutant, en le regardant travailler. »

Jean-Michel Basquiat, She Installs Confidence and Picks Up His Brain Like a Salad, 1988
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Sol LeWitt, Wall Drawing # 538, 1984-1988

« Quelque chose de nouveau dans la manière de produire de l’art était en train d’advenir avec cette génération d’artistes et c’était aux États-Unis que cette révolution se produisait. Mon intérêt pour le travail de Sol LeWitt fut très instinctif. Comme un instinct amoureux, une nouvelle rencontre que je ne voulais pas laisser passer. J’avais envie de vivre cette nouvelle aventure aux côtés de ces formes et de ces images que je découvrais. […] Le personnage m’a semblé en plus venir sur la scène artistique avec un vrai discours. Il était si intelligent. Souvenons-nous de ses Paragraphes sur l’art conceptuel publiés dans la célèbre revue Art Forum en 1967 ! »

« Ce Wall Drawing s’inscrit dans la grande lignée historique des œuvres in situ dont les peintres Romains, puis ceux du Quattrocento avaient le secret pour embellir villas et palais. La technique n’est d’ailleurs pas éloignée de celle qui prévalait pour réaliser les patines des salles ornées par les grands fresquistes italiens. Ainsi, après avoir recomposé le dessin original à partir des volumes proposés, Sol LeWitt et ses assistants ont tracé sur les murs les découpes qui vont créer ces impressions de perspective qui amplifient l’espace. Ensuite vient le temps très long et minutieux où les jus de couleurs sont passés au chiffon. Ce sont les différents passages de couleurs sur la surface qui donnent cette profondeur et cette transparence si particulières. »

Sol LeWitt, Wall Drawing # 538, 1984-1988
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon
Crédits photo : Pascal Martinez

Robert Mangold, Distorted Circle Within a Square, 1972

« Robert Mangold est très secret, mais ses œuvres parlent d’elles-mêmes. Elles dialoguent toujours discrètement avec les artistes de ma collection. Il y a bien sûr des filiations classiques que l’on peut proposer entre les dessins de Mangold et ceux de Ryman ou certaines œuvres de Barry. Pourtant c’est toujours à Matisse que je pense lorsque je contemple précisément Distorted Circle Within a Square, dessin qui date de 1972. (…) Entre Mangold et Matisse, il y a cette même émotion suscitée probablement par la fragilité des traits, par l’émotion qui prime sur la précision et par l’ampleur des gestes contredite pourtant par le format assez réduit des œuvres. »

Robert Mangold, Distorted Circle Within a Square, 1972
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Richard Long, Sculpture at Yvon Lambert, Paris, 1969

« Cette œuvre est historiquement très importante, et sentimentalement, elle fixe à nouveau dans mes souvenirs le début de l’introduction du Land art en France. (…)

Pour sa première exposition dans ma galerie, Richard arriva comme d’habitude avec son sac à dos comme unique atelier ambulant et sortit des petits sacs de pigments multicolores. Après avoir parfaitement balayé le sol de ma première galerie, rue de l’Echaudé, il disposa chaque couleur comme des trainées de poudre qui allaient constituer un immense arc-en-ciel.

. (…) Une fois son travail achevé, Richard sortit de la galerie et prit ce cliché qu’il signa par la suite lorsque je décidais d’acquérir cette photographie comme constat de l’œuvre. En regardant bien ce cliché, on peut d’ailleurs apercevoir Richard dans le reflet de la vitrine en train de prendre cette photographie. »

Richard Long, Sculpture at Yvon Lambert, Paris, 1969
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Rei Naito, Namenlos/Licht, 1996

« C’est à New York que j’ai découvert ces deux dessins. Ils ont à mon sens la sensualité de ceux d’Agnes Martin ou de Brice Marden. J’avoue qu’au départ, je croyais être en face d’un monochrome blanc, puis, très doucement, très lentement, le dessin est venu à moi. Deux cercles rouges apparaissent comme une œuvre photographique qui dans une ultime phase de création se développe progressivement dans le bac du révélateur. La magie opéra en moi telle une image qui hante durablement l’esprit. Le lendemain, ma décision était prise, je repartirais en France avec ces deux dessins. »

Rei Naito, Namenlos/Licht, 1996
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Donald Judd

« Si je n’ai jamais réalisé d’expositions personnelles de Donald Judd, ses œuvres ont pourtant été présentées dans ma galerie et je possède un très bel ensemble composé de dessins et de sculptures.

À chaque fois que je me rendis à New York pour travailler et rencontrer mes artistes, je suis allé le voir dans son espace de travail si central et incontournable. Une réelle amitié est ainsi née au fil des ans. Nous avions nos cafés pour nos rendez-vous, nos lieux pour nous promener, comme cette librairie qui n’existe plus aujourd’hui, Jaap Reitman, où nous consultions et commentions les nouvelles parutions de livres d’art. Régulièrement, lors de ces rapides séjours, je lui achetais des pièces qu’il me montrait dans son atelier, comme cette série de dessins qu’il préparait et que je lui demandais de terminer avant mon retour pour Paris. »

Donald Judd, Sans titre, 1973
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Daniel Buren, De la peinture – Une Œuvre en douze parties, 1969-1973 (détail)

« [Ma rencontre avec Daniel Buren en 1968] a été très forte. J’étais alors véritablement ébloui par [son] intelligence. J’ai acheté certaines de ses œuvres dès 1969. Nous avons organisé plusieurs expositions, totalement invendables, bien sûr. […] Nous débattions beaucoup entre nous, ainsi qu’avec Michel Claura et René Denizot, mais il y a eu peu de batailles autour de son travail car il ne suscitait d’intérêt qu’auprès de rares visiteurs. J’aime la controverse, et j’ai regretté de ne pouvoir polémiquer plus alors. J’aimais aussi le paradoxe qui consistait à exposer dans une galerie commerciale des œuvres invendables. »

 

Daniel Buren, De la peinture – Une Œuvre en douze parties, 1969-1973 (détail)
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Bernard Faucon, Les petits bateaux, 1980

« En 1991, je décidai de lui offrir mon espace après avoir vu toute la série des Idoles et des Sacrifices. Ces photographies me plaisaient beaucoup. Il y avait par exemple le buste d’un jeune garçon éclairé par le feu, et des tâches de sang qui rappelaient toutes les histoires tragiques de l’antiquité, du Titan dévorant ses enfants à Médée qui, ivre de jalousie, sacrifia les siens pour se venger, abandonnée par celui qu’elle aimait. C’est la brutalité de ces images qui me fascinait. Une fois révolue l’époque des mannequins un peu distants, il se consacra en effet à un corps à corps sans concession avec la mort et le sang qui coule sans fin. Après cette violence vint l’accalmie avec des messages que Faucon écrivait à même la peau des jeunes adolescents, toujours animé par son approche si étrange de l’enfance et de sa représentation par l’image… »

Bernard Faucon, Les petits bateaux, 1980
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Jean-Charles Blais, Assis encore, 1982

« Comme me le rappelle aujourd’hui Jean-Charles, je mis un peu de temps encore à me déterminer, voulant découvrir ce garçon qui passait souvent dialoguer avec moi dans la galerie et qui s’avérait intelligent, raffiné, avec une vraie culture personnelle. Bien que ce que j’exposais était radicalement opposé à cette peinture figurative, je savais que Jean-Charles souhaitait que je le représente chez moi. Un après-midi de printemps, en 1982, Bernard Lamarche-Vadel qui était dans son atelier me téléphona en me disant que si je ne me décidais pas vite, Jean-Charles pourrait prendre contact avec d’autres marchands qui, sentant le vent venir, commençaient à le courtiser. Comme c’est souvent le meilleur moyen de me stimuler un peu, je pris rendez-vous sur l’heure et repartis de chez lui avec une première série de dessins achetés en deux minutes, et une date pour sa première exposition. Je lui dis juste : “Seras-tu prêt dans deux mois ?”, et il me répondit “oui”, trop ravi qu’une telle précipitation lui permette d’achever toute une belle suite d’œuvres. »

Jean-Charles Blais, Assis encore, 1982
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Cy Twombly, Nike, 1980 (détail)

« [L’œuvre de Twombly] représente certainement aujourd’hui l’ensemble le plus abouti et le plus cohérent de tous les artistes qui constituent ma collection  personnelle. »

Cy Twombly, Nike, 1980 (détail)
Crédit photo : François Deladerrière
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Shusaku Arakawa, Sans titre, 1969

« Arakawa pratique une sorte d’understatement en faisant le moins, pour en dire le plus. Toiles blanches portant quelques traces évoquant les schémas techniques d’ingénieur ou d’architecte, souvent des inscriptions en lettre d’imprimerie telles que : “J’ai décidé de laisser cette toile complètement blanche”. Il prend le spectateur, accoutumé aux images à décrypter, au piège de ses espaces vides. Ses inscriptions le provoquent, le sortent de son indifférence et entraînent sa “participation”. Dans cette génération spontanée d’enfants de Duchamp, Arakawa eut une place de choix en faisant sienne cette idée du regardeur qui fait le tableau. A mon sens, c’est la clé pour comprendre la genèse de la mouvance conceptuelle que j’allais défendre durant ces années 70. »

Shusaku Arakawa, Sans titre, 1969
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Marcel Broodthaers, Chère petite sœur, 1973

« Pendant ces quelques années, je me rends compte que je me suis débrouillé pour constituer un véritable ensemble d’œuvres de Broodthaers. Ces peintures, sculptures et dessins sont donc à l’image de notre amitié. »

Marcel Broodthaers, Chère petite sœur, 1973
© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

1/1
Les récits d’Yvon Lambert