How to Disappear…

Playground, exposer les œuvres de la collection

25 septembre 2021 – 23 janvier 2022

Rika Noguchi, A prime, 1997

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

Jonathan Monk, Sentence Removed (O’s Remain), 2000

© Donation Yvon Lambert à l’État français / Centre national des arts plastiques / Dépôt à la Collection Lambert, Avignon

L’invisible s’impose aux hommes avec une force aussi grande, sinon plus grande que celle qui est propre au visible.

Krzysztof Pomian

Dans son texte Plénitudes vides et espaces expérimentaux, écrit pour le catalogue de l’exposition « Son et lumière » (Centre Pompidou, 2004), Douglas Kahn raconte comment le début des années 1950 était « un moment propice pour que rien n’arrive ». De Robert Rauschenberg à Guy Debord, Samuel Beckett, Jean-Paul Sartre ou John Cage, certains des plus grands artistes et penseurs d’après-guerre ont questionné de manière aussi radicale que poétique et politique les notions de disparition, de néant ; le rien.

À travers l’effacement, la discrétion, l’invocation de l’absence, du silence ou de l’évanescence des choses, il s’agissait non seulement de rompre avec le bruit des horreurs de la guerre, la vulgarité et l’agressivité des images et des gestes issus du consumérisme grandissant mais aussi d’imaginer les nouveaux contours de la figure de l’artiste, de penser des formes et des espaces à travers lesquels se redéfinit l’expérience des œuvres, s’inventent nos rapports communs à l’espace et au temps.

Conçue autour d’artistes issus des révolutions esthétiques des années 1960, la Collection Lambert est traversée de part en part de ces gestes novateurs qui s’écartent d’une subjectivité et d’une expressivité jugées suspectes pour leur préférer l’essence de formes minimales et exigeantes, la poésie d’une apparition fugace dans des salles baignées de lumière, la spiritualité de l’empreinte discrète laissée sur la toile par un pinceau imbibé de blanc. Autant de formes d’apparence fragile, comme suspendues dans l’espace et le temps, dont la force vitale s’impose dans la discrétion, permettant à tout ce qui les entoure d’exister aussi. 

Au-delà, surgit presque imperceptiblement la question de nos rapports à l’absence, à la disparition, à la mémoire des formes et des êtres à travers leur représentation. Ces présences fantomatiques racontent ce qui reste dans le monde après la disparition annoncée, éprouvée, l’état de quelques formes, quelques images, qui persistent ici et maintenant dans une tension toujours renouvelée à mesure que nos corps et nos esprits visitent les espaces qu’elles habitent.

Ce projet constitue le premier volet du programme d’expositions Playground.

In a little while
I’ll be gone
The moment’s already passed
Yeah it’s gone


And I’m not here
This isn’t happening
I’m not here
I’m not here…

Radiohead, How to Disappear Completely and Never Be Found

Les artistes :

Carl Andre, Shusaku Arakawa, Robert Barry, James Bishop, Christian Boltanski, Marcel Broodthaers, Robert Wilson et Lucinda Childs, Christo, Daniel Gustav Cramer, Daniel Dezeuze, Spencer Finch, Nan Goldin, Douglas Gordon, Loris Gréaud, Jeppe Hein, Douglas Huebler, On Kawara, Thierry Kuntzel, Bertand Lavier, Sol LeWitt, Robert Mangold, Christian Marclay, Brice Marden, Adam McEwen, Piet Moget, Jonathan Monk, Rei Naito, Rika Noguchi, Roman Opałka, Dennis Oppenheim, Robert Ryman, Fred Sandback, Andres Serrano, Pauline Tralongo, Cy Twombly