Avant que la pelouse ne se venge…
05.06 – 05.09.2021
« Comme la plupart des Californiens, je viens d’ailleurs, et la Californie m’a attiré à elle à dessein, comme une fleur métallivore attire les rayons du soleil et la pluie, et puis, les pétales tendus, fait signe à la route, et laisse entrer les voitures, des millions de voitures dans une seule fleur, sous lesquelles se noie son parfum ; et il y a encore de la place pour des millions d’autres ».
Richard Brautigan, La vengeance de la pelouse, Nouvelles, 1962-1970
Les mondes singuliers de David Shrigley se déploient à travers une multitude de médiums et de pratiques allant du dessin à l’installation et à la sculpture, en passant par l’animation, la photographie, la vidéo ou la production musicale. Ils sont peuplés d’antihéros maladroits, loufoques, faussement naïfs et parfois méchants, embarqués dans le chaos d’un monde absurde où toute activité humaine semble inexorablement vouée à l’échec.
Les personnages aux traits fragiles y partagent des vies désœuvrées avec une foule d’animaux et de créatures fantastiques semblant avoir été expulsées d’un conte pour enfant ou de l’imaginaire halluciné d’un auteur de science-fiction. Les situations tragi-comiques inventées par l’artiste nous dérangent autant qu’elles nous enchantent et nous plongent dans un état de sidération permanente où l’humour et le drame se disputent la meilleure place pour ouvrir le champ à une poésie hors du commun.
Depuis la centaine de dessins en noir et blanc réalisés il y a dix ans pour une exposition dans la galerie d’Yvon Lambert à Paris jusqu’aux récentes œuvres colorées rendant un vibrant hommage à la nature, il est toujours question — malgré tout — de nous inscrire dans le monde avec une jubilation salvatrice.
David Shrigley est né en 1968 à Macclesfield (Royaume-Uni).
Il vit et travaille à Brighton (Royaume-Uni)
Photo : David Shrigley / © Adagp, Paris
Avec le mécénat de la Maison Ruinart.