Sommerspiele

4 Octobre – 15h30

Projection / Rencontre avec Ezster Salamon

Dans le cadre du projet Les Yeux Verts, proposition de Pascale Cassagnau pour la Collection Lambert.

La chorégraphe et performeuse hongroise Eszter Salamon travaille à élargir les outils d’expression de la danse dans des œuvres théâtrales, sur les scènes du Théâtre des Amandiers ces dernières années ou de la Ménagerie de verre, des conférences performées, des films et des installations. En outre, elle utilise la chorégraphie comme une pratique étendue, comprise comme une machine à traverser des médias différents : vidéo, son, musique, texte, voix, mouvement et actions corporelles Elle développe des chorégraphies aux références transhistoriques, qui, en mélangeant des fictions spéculatives et des éléments autobiographiques interrogeant la construction fragile de l’identité – l’histoire de ses homonymes Mélodrame Eszter Salamon, 1949, l’histoire de sa mère – font émerger des perspectives alternatives aux récits dominants de l’Histoire contemporaine. Le film Sommerspiel met en scène un personnage – Eszter Salamon elle-même- qui interprète  l’artiste d’avant-garde allemande Valeska Gert déambulant dans l’ancien site olympique nazi de Berlin en 1936, utilisé aujourd’hui pour le sport professionnel, des spectacles et les loisirs de masse. Faisant intrusion dans cette architecture qui célébra les valeurs fascistes, le corps nu ici interroge les idéologies du passé et la violence que subissent les corps, encore aujourd’hui. Distorsions, grimaces, palette d’expressions étendues, de la sauvagerie à la monstruosité, Eszter Salamon incarne à son tour dans Sommerspiel une figure de résistance, telle que l’incarna la « sorcière » Valechka Gert, considérée comme une « artiste dégénérée », au nationalisme, et au fascisme qui d’exerçaient dans le sport. Eszter Salamon décrit ainsi l’importance de l’œuvre de Valechka Gert (1892-1978)artiste pratiquant le mime, le théâtre, la danse, le cabaret et la poésie,  admirée par Eisenstein, Brecht, Pabst,  à laquelle elle a consacré The Valeska Gert Monument  ( 2019) en mettant en exergue les problématiques qu’elle explore elle-même dans son propre travail :« Son travail scénique sur la discontinuité vocale recoupe sa danse aux mouvements fragmentés. Il s’agit parfois de « danses du son » entre l’articulé et l’inarticulé comme dans le babil du bébé. Mais toujours d’une approche critique du chant. D’où son montage chorégraphique fait de plusieurs sortes de postures, d’attitudes et manières de se mouvoir. En se produisant dans les cabarets et cinémas, elle put développer une grammaire dansée qui n’avait que peu de rapport avec celle des scènes chorégraphiques de l’époque. Ainsi qu’en témoigne son récit autobiographique – Je suis une sorcière – elle était animée de désirs paradoxaux et contradictoires ». Par un travail très précis de montage et de cadrage, le film inscrit parfaitement dans sa dramaturgie les tensions qui résultent de la confrontation du corps et de l’architecture, métaphore de la résistance de l’art à ce qui contraint les sujets.