Histoires de vernissages. Découvertes et sociabilités à Paris après la Seconde Guerre mondiale
Jeudi 22 février 2024 à 19h00 à l’auditorium
“Ce sont les regardeurs qui font les tableaux.”
Cette célèbre déclaration de Marcel Duchamp renvoie à l’une des caractéristiques essentielles des œuvres artistiques contemporaines, à savoir l’importance que joue le public qui les contemple dans leur reconnaissance sociale comme œuvres. La capacité à décider ce qui est de l’art et ce qui n’en est pas est déterminée par un ensemble complexe et parfois contradictoire de facteurs de légitimité – savoir, intuition, et position sociale. Le sociologue Howard Becker a ainsi émis l’hypothèse que l’œuvre ne serait pas le seul produit de la créativité d’un artiste, mais celui d’un ensemble convergent d’effets d’accréditation, produits par les acteurs du monde de l’art parmi lesquels figurent les artistes, les intermédiaires (critiques d’art et directeurs de galerie) et les publics. À ce titre, la visibilité de l’œuvre devient la condition sine qua non de son existence publique, mais aussi de toute postérité et de toute valeur artistique. Son exposition revêt d’autant plus d’importance qu’elle est parfois le seul moment public de son existence, entre la sortie de l’atelier et l’achat par un collectionneur privé. Aussi le vernissage, à la fois moment et événement, constitue-t-il le baptême social des œuvres exposées, signifiant leur entrée dans la réalité de la production contemporaine. Le rôle des amateurs réunis à cette occasion ne saurait se réduire à celui d’une assistance passive : ils participent activement à l’intronisation des œuvres dans le domaine de l’art et par conséquent cautionnent leur reconnaissance sociale et artistique.
Extrait de Soirs de vernissage, Pratiques et publics autour de l’art contemporain à Paris, de la Libération à la fin des années soixante, Julie Verlaine (Hypothèses, 2008 Ed. Sorbonne)
Gratuit pour tous·tes
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