8 Novembre – 15h30
Projection / Rencontre avec Vincent Epplay
Dans le cadre du projet Les Yeux Verts, proposition de Pascale Cassagnau pour la Collection Lambert.
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L’œuvre de Vincent Epplay se compose de pièces sonores qui se situent entre la création sonore pure – son travail est proche en cela des musiques expérimentales- et la création vidéo dans son versant expérimental (travail de l’espace filmique avec des images found- footage, le collage et le réemploi de films trouvés faisant référence au cinéma des origines). Chez Vincent Epplay, le phénomène de la reprise et du collage constitue un travail d’expérimentation méthodique, à partir de la réappropriation de compositions sonores et visuelles ready- made sans qualités, en compilant divers documents vernaculaires.
L’artiste précise la généalogie de son travail : « ces formes sont liées pour la plupart à des enregistrements sonores ou visuels extra-musicaux que je collecte : disques d’expériences scientifiques, disques-catalogues de bruitages, de sons et paroles documentaires, de reconnaissance de timbres d’instruments de musiques, de tests d’audiophiles, ou encore des films se rapportant à des productions pédagogiques ou scientifiques. Ces productions d’un autre âge, conservées la plupart du temps sur des supports révolus ou obsolètes (disques vinyles, films super8) étaient souvent des moyens de transmissions de connaissances ou d’informations destinées à des publics précis ou des catégories socioprofessionnelles ciblées ».
C’est ainsi qu’il revisite les archives produites par la méthode d’enseignement Freinet, en une traversée des films documentaires produits par L’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne) et des éditions du CEL ( Coopérative de l’enseignement laïque) En effet, outre le fait que Vincent Epplay a été scolarisé dans un établissement Freinet dans son enfance, il s’attache à mettre en lumière des pratiques expérimentales extrêmement riches en matière d’images et de sons qui étaient conçues à destination des acteurs éducatifs – les instituteurs et institutrices- déterminés à préparer avec leurs élèves une société plus solidaire, au sortir de la Première Guerre Mondiale.
La pédagogie Freinet défendait et défend toujours un enseignement préconisant de se libérer et non de se soumettre au sein d’une école où l’on travaille pour réussir ensemble et non pour séparer les exclus.
« Tant que nous sommes enfants, nous pensons et nous vivons sans faire de différences entre travailler, inventer, créer et même jouer. Le mot art ne signifie pas autre chose que vivre tous les jours normalement et naturellement, en le proclamant. » Les enfants inventaient ainsi un gai savoir, pratiquant avec leurs enseignants une intense activité de micro- édition de revue ou d’édition discographique, d’images, de films. Vincent Epplay mixe, monte des fragments, des sons, dans la perspective du cinéma expérimental qui est la sienne, en créant une matière véritablement multimédia qui rend justice à la liberté de création anonyme de l’enseignement Freinet d’une école libre.