Alberto Sorbelli

Tentatives de rapport avec la société

Jeudi 8 février 2024 à 19h00 à l’auditorium

Intervenant : Alberto SorbelliArtiste

« Les cartons d’invitations ne cessent de pleuvoir. Il [Alberto Sorbelli] débarque à un vernissage près des Champs-Élysées, hauts talons, bas La Perla, robe d’une seule pièce bien moulante sur son corps d’ancien danseur de ballet. On ne le croit pas, ni son carton personnalisé, ni sa présence. Comme il essaye d’accéder là où il est invité, le gars de la sécurité commence à le frapper. Un artiste déguisé en prostituée ne pose pas de problème à un vernissage VIP, mais une vraie pute est inadmissible (…)

Le commissaire de l’exposition qui se prépare au grand musée parisien le contacte, en urgence, se déplace chez l’artiste le soir même. « Nous ne pouvons pas te garder dans l’exposition. » « Pourquoi ? »

Extrait du texte « Maux d’artistes » de Gabriel Montua (Janvier 2016) publié dans l’ouvrage Je veux glisser une œuvre à l’intérieur d’un individu, Alberto Sorbelli

Dès ses premiers travaux, Alberto Sorbelli soulève la question de ce que l’art accomplit, ce qu’il peut réaliser et ce que l’on en attend. Encore étudiant à l’École des Beaux-Arts de Paris, s’interrogeant sur la notion de production artistique et sa réception, il incarne le rôle du secrétaire du secrétariat de Monsieur Alberto Sorbelli recevant le public en entretien individuel dans l’objectif de l’intéresser au travail d’un artiste qui n’existe pas encore et n’a rien réalisé.

Découvrant son aptitude à l’entretien sur mesure, il radicalise sa démarche et apparaît dans les galeries et musées habillé en prostituée distribuant sa carte de visite à qui l’accepte. Venant heurter le dispositif qui règle généralement la perception de l’art dans une exposition, l’artiste génère des violences tant individuelles qu’institutionnelles à son encontre qui le conduisent à abandonner le rôle de la pute et mettre en scène ses propres agressions.

Parallèlement à l’élaboration de cette trilogie (le secrétaire, la pute et l’agressé), Alberto Sorbelli invente d’autres modèles et champs d’action faisant de l’art un service et de l’artiste un administrateur de situations qui a priori semblent n’avoir aucun rapport avec l’art si elles n’étaient montrées dans un contexte artistique.

À travers ses interventions, Alberto Sorbelli s’est engagé dans une pratique immatérielle qui ne se contente pas de commenter ou de représenter le présent mais qui le produit. L’artiste est devenu le catalyseur de situations où la participation n’est pas implicite mais tangible. Le regardeur fait partie intégrante de l’œuvre, c’est sa participation qui la détermine.

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