Petits riens
1er juillet – 19 novembre 2023
À partir de juillet 2023, la Collection Lambert consacre la totalité des deux étages de l’hôtel de Montfaucon à l’artiste camerounais Pascale Marthine Tayou. Proche de l’institution avignonnaise depuis près de 10 ans, il a participé à la grande exposition dans l’ancienne prison Sainte-Anne, La disparition des lucioles (2014), où ses poupées et génies de cristal imprégnaient les anciennes cellules de prisonniers de leur présence poétique.
Aujourd’hui, il déploie à la Collection Lambert un projet inédit dans lequel pas moins de dix nouvelles oeuvres monumentales sont produites, et quatre existantes sont repensées pour les espaces qui les accueilleront. Au total, 23 installations prendront place dans les salles du musée.
Intitulée Petits riens, l’exposition se présente comme une traversée sensible du “chaos-monde“ pour reprendre la formule d’Edouard Glissant. Chaque installation y devient le prétexte à une conversation ouverte à travers laquelle se défont nos convictions les plus profondes ; à travers laquelle s’inventent autant de situations pour que naissent de nouvelles manières d’envisager le monde.
« Les Petits Riens sont ces choses infimes qui, l’air de rien, relèvent des montagnes autour de nous. Ce sont ces actes minuscules qui au départ, invisibles à l’oeil nu, enfoncent des poutres dans nos yeux.
Les Petits Riens, c’est une suite d’expériences que je voudrais mettre au service de l’esthétique, des observations de scènes banales de mon vécu quotidien mises au service d’une nouvelle expédition, un ensemble d’intentions plastiques témoin de mes doutes, socles de mes frustrations accumulées.
Les Petits Riens, c’est mon appel d’urgence face aux terreurs multiples qui me tordent les boyaux. Mais je ferai en sorte que cette aventure se transforme en une performance ludique avec joie et humour.
Dans cette exposition en forme de conversation, la couleur est la balle dans mon arme et je m’en servirai pour nous extraire du champ des tirs, très loin des chars et autres flèches empoisonnées qui sifflent depuis bientôt trois mille ans dans nos prés.
Je vous proposerai des écrans tournés contre les cimaises ou parfois contre le sol, des souvenirs d’enfance pour ceux qui auraient déjà oublié la drogue des comptines. Nous danserons certainement et chanterons à gorge déployée sur le pont d’Avignon et nous irons aussi chercher le bonheur sur d’autres continents au-delà de l’espace.
Nous irons pétrir la fange pour sculpter une nouvelle mappemonde à partager. Nous formerons deux cercles de couleurs en fils électriques que nous lieront entre eux à l’aide d’une douille fragile.
Des branches coiffées de sacs en plastique colorés tailleront dans les airs une haie d’honneur ou tomberont des cieux en d’étranges formes plastiques et organiques.
Des chants d’oiseaux d’ici et d’ailleurs viendront habiter le décor et étirer encore loin le rêve.
Toits de tôles ondulées et autres chaises chimériques envahiront l’espace comme transportés par quelques tornades venues de loin…
Nous creuserons les plis profonds de nos passions enfouies pour extraire les vérités cachées, redonner à la noble poésie ses vers de convictions, l’outil fondamental dans l’acte de création… »
Pascale Marthine Tayou
Commissaire de l’exposition : Stéphane Ibars
Avec le soutien de GALLERIA CONTINUA