une collection sentimentale
24 septembre 2022 – 29 janvier 2023
Qu’est-ce qu’un musée ? Que serait votre musée idéal ? Voici quelques-unes des questions que se sont posées des commissaires d’un nouveau genre à la faveur d’un geste artistique et politique imaginant de nouvelles règles de l’art.
L’exposition présentée est le fruit des choix d’un collectif singulier rassemblant des citoyen·ne·s, un artiste et le personnel d’un centre d’art contemporain. Ce commissariat qui inclut des personnes en situation de précarité — accompagnées par différentes structures sociales — propose une bouleversante archéologie de la tendresse qui fait vibrer les œuvres de la Collection Lambert et agit comme un révélateur de notre fragilité commune.
Ainsi, notre musée vous invite à découvrir des mausolées personnels : des bibelots intimes que l’on chérit et œuvres que l’on choisit. En faisant dialoguer le fonds de la collection emblématique d’Yvon Lambert avec ce que nous avons de plus précieux, l’exposition révèle notre attachement aux objets et à l’histoire qu’ils charrient.
Bouleverser les modes d’exposition d’une collection muséale
Afin de transformer les usages traditionnels de l’exposition et de faire participer au champ de l’art certaines voix qui manquent encore cruellement à l’appel, les structures fondatrices et partenaires du festival C’est pas du luxe !, l’artiste Mohamed El Khatib et les équipes de la Collection Lambert se sont engagés dans la réalisation d’une exposition d’un genre nouveau. Les réflexions menées par le collectif américain Group Material au début des années 1990 ou par des artistes avant-gardistes tels Martha Rosler, Marion Von Osten ou Thomas Hirschhorn sont autant de références qui ont nourri ce projet.
Une lettre rédigée en commun par les initiateurs du projet a été envoyée à différentes structures sociales (maisons d’hébergement, pensions de famille et autres associations de lutte contre les exclusions) participant au festival dans le but de recruter les personnes qui souhaiteraient devenir les commissaires associés de cette exposition inédite.
Un groupe d’une quinzaine de personnes — hommes et femmes hébergés par les structures, travailleurs sociaux œuvrant quotidiennement à leurs côtés — ont répondu au courrier avec enthousiasme et constituent depuis un an, à nos côtés, l’équipe des organisateurs et organisatrices de l’exposition.
Lors d’une séance de travail inaugurale, chacun·e a été invité·e à venir avec un objet personnel qui lui est cher. La constitution de cette galerie intime a été le premier geste de notre collection.
Des objets qui recèlent des récits de vie, des histoires de famille, des objets ordinaires pour des vies qui sortent souvent de l’ordinaire. L’ensemble de ces objets et les histoires qu’ils transportent avec eux constitueraient le point de départ d’une exposition dans laquelle ils entreraient en relation avec une série d’œuvres de la Collection Lambert, choisies conjointement par les commissaires associés au projet.
C’est en fondant le processus de travail sur la question du lien intime que nous construisons avec des objets qui nous sont chers, ceux auxquels nous tenons et que nous gardons auprès de nous, que nous avons regardé ensemble les œuvres de la Collection Lambert. Nous avons guetté les sentiments premiers qui pouvaient naître à leur rencontre, dans les salles ou les réserves du musée. Comme avec nos propres objets, nous avons cherché les histoires derrière les gestes, derrière un titre, derrière les formes déployées devant nos yeux afin de trouver des liens, d’initier des dialogues.
Offrir la possibilité à chacun·e de se réapproprier une collection patrimoniale et les lieux qui l’abritent
Offrir à tous et toutes un accès privilégié à la création artistique nécessite davantage que des politiques tarifaires à destination de ceux que l’on nomme maladroitement les “empêchés de la culture “. Faire naître le désir chez chacun·e de s’approprier un lieu patrimonial et de jouir des œuvres qu’il accueille nous oblige à penser en profondeur les relations que nous entretenons avec les œuvres d’art et leurs lieux de destination.
Comment attribue-t-on une valeur esthétique à un objet particulier ? Comment et quand se voit-il attribuer le titre “d’ oeuvre “ ? Comment décide-t-on de le sanctuariser en l’exposant comme tel à la vue de toutes celles et ceux qui voudront bien venir jusqu’à lui ? Au delà, quelles sont celles et ceux qui participent à l’ensemble de ces processus de décision et de validation?
En faisant participer à l’ensemble de ces étapes des personnes venant d’horizons culturels et sociaux très divers, habituellement tenus à l’écart de telles opérations, l’expérience ouverte par notre musée vise à investir ces questions en profondeur et à détourner les modèles habituels.
C’est par la discussion, la pensée, par le désir commun de faire et de faire ensemble que s’est ainsi construit le projet et qu’est né cet espace temps unique que les participants ont décidé de nommer notre musée.
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Plus d’infos dans le dossier de presse
Groupe curatorial : Ellen Allart / Nathalie Besson / Agnès Bouisset / Ophélie Brisset / Fabrice Casimir / Laure Drouche / Christine Dubois / Daniel Duckwitz / Mohamed El Khatib / Camille Fund / Pascal Fra / Marie-Laure Geuffroy / Christine Gisquet / Laurent Granero / Eve Guerin / Diane Haudiquet / Stéphane Ibars / Brigitte Lefebvre / Clara Marchand / Bernie Marie / Philippe Montagnier / Michel Ortegas / Nicolas Rabinowitch / Tiphanie Romain / Eric Supper / Anne-Marie V. / Alain Vandeur.
Les prêteurs : Hakima / Ellen Allart / Fabien Almakiewicz / Sophie Aragon / Cindy Avon / Noura Benyoussef / Milène Boulant / Tymour Boussou / Vanessa Bouziges / Eric Chaussepied / Tiphaine Colleter / Alice Durel / Mohamed El Khatib / Christophe Giovannini / Ismaël Guenoun Sanz / Stéphane Ibars / Tony Joachim / Abdallah K. / Sylvie Ladrière / Marlène Lombardin / Mayeul Maurel / Marie Plagnol / Judith Quintin / Jean-Christophe Radke / Tiphanie Romain / Clémentine Sibbour / Florence Tabourdeau / Jeanne et Timéo Taris / Thierry Thieû Niang / Sevval Yuruten.
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