L’exposition qui se tiendra au musée Calvet du 10 juillet au 30 septembre 2021 poursuit la fructueuse collaboration avec la Collection Lambert, inaugurée en 2020 dans le cadre de L’Artiste en majesté.
Le propos s’avère ici à la fois plus large et ambitieux. La Collection Lambert, à travers des prêts prestigieux, consentis parle C.N.A.P. et un collectionneur privé – se détachent notamment les noms d’Andres Serrano, Nan Goldin, Miquel Barceló, Douglas Gordon, Louise Lawler, Robert Barry – investit toutes les salles où, pour l’occasion, plusieurs peintures ont été décrochées des cimaises.
Outre la parenté architecturale unissant les deux institutions, abritées l’une et l’autre dans un somptueux hôtel particulier du XVIIIe siècle, sur le plan historique, des liens amicaux unirent le marquis de Caumont (1692-1745) un des premiers collectionneurs d’antiques en Papimanie et le marquis de Calvière (1693-1777) dont le cabinet aboutit en partie dans celui d’Esprit Calvet (1728-1810). En 1811, le legs consenti à la Fondation Calvet parle médecin et érudit donna naissance au musée portant son nom.
Par ailleurs, les deux musées offrent la particularité d’être habités par la présence ou le souvenir des amateurs pour lesquels, suivant Baudelaire, « la collection devait apparaître comme une famille et une famille de leur choix ». Yvon Lambert, Joseph de Seytres, marquis de Caumont, Charles-François de Calvière, Esprit Calvet, le médecin Sauvan, Joseph Rignault et en dernier lieu, la flamboyante figure de Marcel Puech, un proche d’Yvon Lambert, ont en commun d’aimer ou d’avoir passionnément aimé « les objets de beauté et de curiosité », se vouant à la quête dévorante de la pièce rare ou manquante.
Dans chaque salle, les collections permanentes sont confrontées à des œuvres de la Collection Lambert. Qu’il s’agisse d’allégories, de portraits, paysages, scènes de genre, nus, de peintures d’histoire, les peintures, photographies, sculptures, prêtées par la Collection Lambert, dialoguent avec ces œuvres, tissant des correspondances subtiles ou inattendues et questionnent également la question du Beau, manifestant, suivant la suggestive formule de Charles Cordier (1827-1905), son ubiquité.
Au cours de sa déambulation, le visiteur ne manquera pas d’être frappé par la pérennité et la capacité à produire du sens des grandes figures mythiques, bibliques, la puissance suggestive des symboles, codes religieux, immarcescible source d’inspiration pour l’imaginaire des artistes. Un poème de Pessoa, Ulysseen témoigne avec force:
Le mythe est le rien qui dit tout…. Lui qui put jeter l’ancre ici /a existé de n’être pas / Sans exister il nous combla / Pour n’être pas venu, il vint / A nous et nous créa / La légende ainsi se distille / pénétrant la réalité qu’elle pénètre et féconde / En contrebas, la réalité, moitié de rien, vase mourant.
Commissariat :
Odile Cavalier, Conservateur en chef du Musée Calvet
Stéphane Ibars, Directeur artistique de la Collection Lambert.