Ellsworth Kelly (1923-2015) dans les collections françaises
5 juillet – 4 novembre 2018
Ellsworth Kelly (1923-2015) est aujourd’hui internationalement reconnu comme l’un des plus grands artistes du XXe siècle et du début du XXIe. Son œuvre établit un pont entre les pionniers européens de la modernité et les avant-gardes américaines de la seconde moitié du XXe siècle.
Après avoir participé en tant que soldat à la libération de la France durant la Seconde Guerre mondiale, il revint s’y installer de 1948 à 1954, avant d’y faire plusieurs séjours tout au long de sa vie. C’est là qu’il mit au point la méthode qui lui a permis de dépasser les oppositions traditionnelles entre abstraction et figuration. À partir de 1949, il duplique des formes trouvées dans la réalité ou produites par le hasard et, pour reprendre ses mots, les « vide de leur contenu figuratif » pour « voir objectivement, effacer toute signification de la chose vue » et « comprendre et sentir sa signification véritable ».
Cette exposition témoigne du lien singulier entretenu par Kelly avec la France, en présentant une sélection des œuvres de l’artiste qui y sont conservées, dans des collections publiques aussi bien que privées – dont certaines n’ont pas été vues depuis des décennies. Le noyau en est constitué par les estampes qui viennent d’être données à la bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art par Jack Shear, qui permettent une vue d’ensemble de la carrière de Kelly en même temps qu’elles en mettent en valeur des aspects souvent négligés, telle sa pratique paradoxale du portrait.
Des estampes au dessin, à la peinture et à la sculpture, les allers-retours sont nombreux, qui prennent souvent la forme de reprises ou de variations, tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre, et constituent parfois des voies parallèles : la reproduction fidèle des plantes, que Kelly a pratiquée toute sa vie, est ainsi strictement réservée au travail sur papier et les formes qu’on y observe ne sont jamais reprises telles quelles sur toile. D’une technique à l’autre, les mêmes qualités sont cependant présentes, qui font d’une apparente impersonnalité et d’une attention précise aux conditions concrètes par lesquelles elles nous sont données à voir, le gage d’une extrême intensité et sensibilité des formes, des lignes et des couleurs.
Cette exposition a été conçue par l’Institut national d’histoire de l’art, Paris.