26 octobre 2025 – 20 mars 2026

Photos: © Carbonara Studio
L’artiste-réalisateur américano-portugais est invité à la Collection Lambert pour sa première grande exposition en France.
Internationalement reconnu pour ses films (Grand prix de la Semaine de la critique au festival de Cannes pour le long métrage Diamantino en 2018), il présentera à Avignon toute la richesse d’un travail où se mêlent installations vidéo, films, peintures et dessins, où les nouvelles technologies rencontrent la poésie avec force et élégance.
Dans les salles de l’Hôtel de Montfaucon, il présentera une série de dessins, peintures et vidéos récentes, dont la grande installation Bardo Loops, commandée en 2024 par le CAM Gulbenkian à Lisbonne et exposée à l’occasion de la réouverture de son centre d’art moderne.
À travers cette multitude de médiums qu’il aborde tous avec une virtuosité déconcertante, Gabriel Abrantes dépeint un monde étrange dans lequel l’algorithme et l’intelligence artificielle semblent avoir pris le dessus.
Le vocabulaire formel issu du monde numérique et de la 3D telle qu’elle est utilisée par les grandes firmes de divertissement (Pixar, Disney) se déploie d’une salle à l’autre, d’un dessin à une peinture ou à une installation vidéo, de sorte qu’il devient le seul et unique moyen de représenter le monde de demain. La figure humaine en est presque absente, remplacée par des rats, des fantômes ou des robots dont les comportements et les traits de caractère « trop humains » nous tendent un miroir inquiétant de nous-mêmes.
Enfermés dans des limbes au décor apocalyptique, les personnages sont engagés dans des conversations impossibles dont les dialogues semblent puisés à même les controverses et discussions clivantes que l’on trouve sur les réseaux sociaux où les chaînes d’information en continu. On les voit se disputer ou chanter le désespoir engendré par la solitude ou la fin d’un amour impensable, flottant sur les ruines d’un monde que le climat, la violence et les révolutions digitales ont transformé irrémédiablement.
Ils nous apparaissent seuls, piégés dans des boucles numériques sans fin, en proie à des questionnements existentiels où l’intime se mêle au politique, où la tragédie et la farce s’imbriquent continuellement.
Pourtant la noirceur est en permanence nuancée par la poésie qui se dégage de ces êtres vulnérables et sensibles que nous suivons avec une empathie presque naturelle.
Car là réside l’intelligence de l’artiste : inventer des situations dans lesquelles l’acuité d’un regard implacable posé sur le monde contemporain se déploie dans une mise à distance savante où l’optimisme nous embarque avec grâce dans une réflexion existentielle qui pourrait nous rassembler.

BIOGRAPHIE
Gabriel Abrantes (né en 1984 en Caroline du Nord) est un artiste visuel et cinéaste basé à Lisbonne. Son film d’horreur « Amelia’s Children » (2024) a remporté le Prix du Jury à Gérardmer et a été distribué dans 50 pays. « Diamantino » (co-réalisé avec Daniel Schmidt, 2018) a remporté le Grand Prix à la Semaine de la Critique de Cannes. Parmi ses projets récents, citons « Bardo Loops » (2024), une installation vidéo d’animation 3D à 4 canaux à grande échelle commandée par la Fundação Gulbenkian, et sa participation à la Biennale de Ljubljana (2025).
Son travail a été récompensé par plus de 50 prix, dont le Léopard d’or au Festival du film de Locarno, plusieurs EFA Awards et le EDP Young Artists Award. Abrantes a exposé à la Tate Modern, au Palais de Tokyo, au MIT List Visual Arts Center, au Musée Serralves, et a participé aux biennales de São Paulo, Lyon et à la BIM – Bienal Image Mouvement, à Genève.
Travaillant à la fois dans les domaines de la peinture, du cinéma et de la vidéo, il explore des thèmes historiques et politiques à travers un mélange distinctif de genres hollywoodiens, de folklore et d’humour qui remet en question les récits conventionnels. Il est représenté par la Galeria Francisco Fino, à Lisbonne.