Sculptures de Francesco Vezzoli, en dialogue avec des œuvres de Louise Lawler, Giulio Paolini et Cy Twombly
2 mars – 10 juin 2019
« Tant que nous serons ici, nous ne pourrons échapper à sa présence ; c’est comme si nos pensées étaient à jamais teintées par une de ses sombres illuminations – la méditation d’une femme de pierre héritée d’un passé dont les espoirs et les idéaux sont tombés en ruine. Derrière elle et à travers elle, c’est toute l’idée de la Grèce qui brille d’un éclat infiniment triste, comme une capitale en ruine, comme les morceaux épars d’une jarre aux formes pures, comme le torse d’une statue de l’espoir. »
Lawrence Durrell, Vénus et la mer, 1953
L’exposition « Francesco Vezzoli, Le Lacrime dei poeti », a été conçue avec l’artiste autour d’un ensemble d’une vingtaine de ses sculptures récentes dont certaines réalisées spécialement pour Avignon, en dialogue avec des séries d’oeuvres emblématiques de Cy Twombly, Giulio Paolini ou Louise Lawler, toutes empreintes de mythologie et de classicisme.
Les peintures et dessins de Cy Twombly évoquant avec la grâce et la force d’un geste ou d’un mot les mythes antiques, les collages et installations aussi conceptuels que sacrés de Giulio Paolini et les photographies de sculptures antiques réalisées avec ironie par Louise Lawler dans les grands musées qui les abritent ou chez des collectionneurs privés, sont ici transportés dans une réflexion sur l’histoire de l’art et le contemporain par les agencements audacieux ou les sculptures mêmes de Francesco Vezzoli.
À travers les dialogues sensibles et singuliers que ces gestes radicaux tissent avec l’héritage classique, à travers les oeuvres de Francesco Vezzoli faites de sculptures anciennes achetées aux enchères pour être transformées, réagencées, complétées, il est non seulement question d’appréhender comment différentes générations d’artistes se sont confrontées à l’histoire de l’art et à la représentation classique, mais aussi de dessiner les contours de l’idée même du contemporain en art. « Comme si cette invisible lumière qu’est l’obscurité du présent projetait son ombre sur le passé, tandis que celui-ci, frappé par ce faisceau d’ombre, acquérait la capacité de répondre aux ténèbres du moment. » (Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ?, 2008)