Daniel Buren

Œuvres de la Collection Lambert

25 septembre 2021 – 23 janvier 2022

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Yvon Lambert : « Ma rencontre avec Daniel Buren en 1968 a été très forte. J’étais alors véritablement ébloui par son intelligence. J’ai acheté certaines de ses œuvres dès 1969. Nous avons organisé plusieurs expositions, totalement invendables, bien sûr. […] Nous débattions beaucoup entre nous, ainsi qu’avec Michel Claura et René Denizot, mais il y a eu peu de batailles autour de son travail car il ne suscitait d’intérêt qu’auprès de rares visiteurs. J’aime la controverse, et j’ai regretté de ne pouvoir polémiquer plus alors. J’aimais aussi le paradoxe qui consistait à exposer dans une galerie commerciale des œuvres invendables. »

Depuis le milieu des années 1960, Daniel Buren s’engage dans une pratique radicale de la peinture qui devient le support de nouveaux questionnements critiques sur les conventions propres aux médiums traditionnels et sur l’institution artistique en général.

En 1965, il entame une série d’œuvres conçues à partir de toiles rayées de bandes verticales alternativement blanches et colorées, dont il recouvrira de peinture les bandes blanches situées aux extrémités. À l’instar de Niele Toroni, Olivier Mosset ou Michel Parmentier dont il partagera un temps les espaces d’exposition, il propose ce qu’il nomme un « degré zéro » de la peinture. Par ce geste radical et répété qui symbolise l’art dans son entièreté, l’artiste s’inscrit dans le sillon des réflexions de Roland Barthes sur « Le Degré zéro de l’écriture » et « La mort de l’auteur » qui, en remettant en cause la notion d’auteur et l’importance attribuée à la figure de l’artiste, invitent le spectateur, le lecteur, à prendre part de manière émancipée à l’expérience sensible. 

Chaque intervention de Daniel Buren, qu’elle se situe dans le musée, la galerie ou l’espace public, accorde une importance fondamentale au lieu dans lequel elle s’inscrit. L’artiste explique ainsi qu’il n’expose pas des bandes rayées mais des bandes rayées dans un certain contexte. En mêlant la simplicité apparente et la puissance subversive à une conscience accrue des lieux qu’il investit, l’artiste induit chez le spectateur un questionnement essentiel sur l’expérience de l’œuvre et des espaces qui l’abritent. 

Commissaire de l’exposition : Stéphane Ibars