Dana-Fiona Armour

Projet MC1R

2 juillet – 9 octobre 2022

Vue de l’exposition de Dana-Fiona Armour à la Collection Lambert « Projet MC1R » © David Giancatarina, 2022

 

Dana-Fiona Armour, Pneumatophore #3, 2022, verre, mélanine, oxydes, sels métalliques

Vue de l’exposition de Dana-Fiona Armour à la Collection Lambert « Projet MC1R » © David Giancatarina, 2022

 

Vue de l’exposition de Dana-Fiona Armour à la Collection Lambert « Projet MC1R » © David Giancatarina, 2022

Dana-Fiona Armour, Projet MC1R (détail), 2022

Vue de l’exposition de Dana-Fiona Armour à la Collection Lambert « Projet MC1R » © David Giancatarina, 2022

 

Après Théo Mercier, Stéphanie Brossard et Quentin Lefranc, Dana-Fiona Armour investit les salles du programme Rendez-vous, Sous-sol, dédiées à la recherche plastique et aux pratiques émergentes. 

Née en 1988 à Willich en Allemagne, l’artiste opère depuis un monde dans lequel les formes s’invitent en véritables agents mutagènes, se transforment les unes les autres et modifient l’organisation des espaces qu’elles occupent, provoquant chez nous un sentiment d’inquiétante étrangeté. 

À travers la pureté d’objets dont l’exigence formelle rappelle le vocabulaire de l’art minimal dont elle détourne le souvenir, s’invite une dimension clinique héritée de l’imagerie d’une littérature ou d’un cinéma d’anticipation. Derrière la radicalité de sculptures constituées de silicone, de marbre ou de verre, apparaissent sourdement des formes organiques, réelles ou symboliques, qui questionnent nos relations à un monde hybride dans lequel l’artificiel se mêle au naturel, l’humain au non humain. Au-delà la science y intervient comme un élément majeur — perturbateur ? — dans la construction de nos rapports au monde et de leur représentation. Autoritaire et fragile, elle est ce lieu de tension où les frontières évoluent avec une instabilité préoccupante entre éthique et progrès, entre l’ouverture de nouveaux espaces émancipateurs et l’accomplissement de dangereuses mutations aux conséquences irréversibles.

Le corps est là qui apparaît en miroir comme l’objet central de nos préoccupations. Déconstruit, démembré, évoqué, transformé, infiltré, réduit à sa peau ou ses organes, il s’invite comme par effraction tel le territoire d’expérimentation sensible d’un savant opérant depuis la base reculée de son laboratoire enfoui sous le sol, que la lumière zénithale brutalise. 

Le Projet MC1R a été pensé à l’occasion d’une résidence de l’artiste au sein de la société Cellectis qui se présente comme « une société de biotechnologie de stade clinique, qui utilise sa technologie pionnière d’édition de génome TALEN® pour développer des thérapies innovantes pour le traitement de maladies graves ». La collaboration a donné lieu à la conception d’une plante hybride, à la fois humaine et végétale, une Nicotiana Benthamiana (espèce très sensible aux virus utilisés fréquemment dans la recherche, notamment pour le vaccin contre la Covid 19) désormais porteuse du gène MC1R, un gène de nature humaine impliqué dans la carnation, la couleur de peau, le développement des taches de rousseur et des cheveux roux, soit autant de caractéristiques permettant de décrire l’apparence physique de l’artiste. 

Dans les salles du sous-sol de la Collection Lambert, la présence de cet organisme d’un nouveau type dans une série inédite d’installations, de sculptures et de vidéos offre la promesse d’un voyage inouï au-delà des frontières de l’humain et du végétal, là où la rencontre des deux éléments appelle de nouveaux récits, de nouvelles manières d’envisager un environnement sensible devenu hétérogène — irrémédiablement. 

En 2022, l’artiste participera aussi à trois expositions majeures avec la Galerie Setareh à Düsseldorf, à la Biennale de Venise avec Nicolas Bourriaud (Radicants) et à Stockholm avec la Galerie Andréhn-Schiptjenko.

Commissaire de l’exposition : Stéphane Ibars