Abdelkader Benchamma

Rayon fossile

30 octobre 2021 – 20 février 2022

Vue de l’exposition Abdelkader Benchamma, Rayon Fossile 

© Grégoire Edouard

Abdelkader Benchamma, Engramme, 2020

Courtesy Galerie Templon (Brussels)

© Hugard & Vanoverschelde

Abdelkader Benchamma, Engramme – Archéologie, 2021

Courtesy Galerie Templon (Brussels)

© Grégoire Edouard

Vue de l’exposition Abdelkader Benchamma, Rayon Fossile 

© Grégoire Edouard

Vue de l’exposition Abdelkader Benchamma, Rayon Fossile 

© Grégoire Edouard

Vue de l’exposition Abdelkader Benchamma, Rayon Fossile 

© Grégoire Edouard

N’apparaît que ce qui fut capable de se dissimuler d’abord. 
Georges Didi-Huberman, Phasmes. Essais sur l’apparition, 1998

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À l’automne 2021, la Collection Lambert invite Abdelkader Benchamma à investir la totalité du rez-de-chaussée de l’hôtel de Montfaucon. Intitulée Rayon Fossile, l’exposition s’organise autour d’un voyage initiatique à travers des mondes possibles, passés, imaginaires, à venir, écrits ou rêvés, assemblés en un récit qui se déploie lentement dans les salles du musée.  Nous les arpentons tel Virgile dans le récit halluciné d’Hermann Broch, où l’eau, le feu, la terre, l’éther racontent l’arrivée, la descente, l’attente, le retour — tout comme ils scandent ailleurs la réalisation du plafond qu’Abdelkader Benchamma vient d’inaugurer dans le centre historique de Montpellier, cette autre ville médiévale où l’artiste a installé son atelier. 

Au cœur de ce paysage des transformations, l’artiste développe un vocabulaire sensible fait d’une constellation de flux d’énergies, de matières et de formes mouvantes qui nourrissent autant de mondes suspendus. Monolithes, grottes, tas, forêts, montagnes, jaillissements, explosions ou autres constructions précaires se déploient tels les Carceri de Piranèse pour dessiner en noir et blanc — parfois en couleur — des univers fantastiques qui nous semblent aussi éloignés qu’ils nous sont familiers. 

Frénétique, précis, hyperréaliste, flirtant parfois avec une abstraction lente et épurée qui instille au regard une nonchalance savoureuse proche d’un état méditatif, le geste de l’artiste se déploie de la feuille de papier jusque sur le mur pour embrasser la totalité des espaces que nous arpentons. Il y dessine des visions obliques où les formes archétypales des origines se mêlent à la science, aux croyances, aux récits de miracles ou aux mythes anciens et contemporains — de la révélation des secrets de Fatima au miracle de Notre-Dame de Zeitoun en passant par les théories conspirationnistes du Blue Beam ou des Phantom Airship. Il y invente des assemblages qui éclairent l’impérieuse nécessité de l’être humain de prendre part à la résolution des questions existentielles les plus abstraites et de se représenter collectivement à travers une histoire que les images de miracles et autres apparitions rendent plus rassurantes, acceptables, plus héroïques même. 

En réactivant des œuvres et des mémoires puisées dans ses quinze dernières années de création pour les confronter à d’autres réalisées pour l’exposition, Abdelkader Benchamma instaure un langage silencieux où les signes et les temps se mélangent perpétuellement. Il nous raconte à quel point les images nous imprègnent au-delà du visible ; comment apparaissent sans que nous ne prenions garde des visions qui planent au-dessus de nos corps embarqués dans l’histoire, comme ce bruit blanc à peine perceptible qui nous hante de son entêtante présence tout au long de l’exposition. 

Commissaire de l’exposition : Stéphane Ibars