Les yeux verts

Cycle de projections vidéo proposé par Pascale Cassagnau

Un samedi par mois à partir de février 2025

Auditorium – 15h30

Pascale Cassagnau est docteur en histoire de l’art et critique d’art, responsable des collections audiovisuelles et nouveaux médias au Centre national des arts plastiques depuis 2008.

Les Yeux Verts est un programme de projections dans l’auditorium à partir des oeuvres acquises ou produites par le CNAP. Les Yeux Verts pourrait participer à l’élaboration d’une cartographie des écritures filmiques contemporaines, relevant des espaces croisés de la fiction et du documentaire, de l’essai ou du film d’artiste. Ainsi la prise en compte de la nature transdisciplinaire et transculturelle des films propose un arpentage renouvelé de l’image en mouvement.

Avec Dennis Adams, Dora Garcia, Ben Russell, Johan Grimonprez, Florence Lazar, Douglas Gordon, Jonas Mekas, Hadjithomas Joreige, Manon de Boer, Valérie Jouve, Carlos Casas.

Programmation :

Segunda Vez

1 Mars – 15h30

Projection / Rencontre avec Dora Garcia

Vidéaste, écrivain, performeuse, Dora Garcia fait de l’espace de ses films le lieu d’expérimentation des pouvoirs de la fiction, de la narration, de processus interactifs. Le travail de montage constitue un élément fondamental chez cette artiste historienne, qui accorde une place importante et récurrente aux archives photographiques, aux images trouvées.Zimmer/ Gespräche, Chambres/Conversations (2006)relate la rencontre dans un appartement anonyme de Leipzig d’un officier de la Stasi et d’une indicatrice civile. L’artiste se fonde sur un ensemble de documents authentiques à partir desquels celle-ci a conçu les dialogues du film. Néanmoins, le film ne désigne explicitement ni la ville de Leipzig ni directement la Stasi. Le film se déroule dans un espace et une époque indéterminée. Chambres/Conversations n’est pas un documentaire, mais une fiction : l’artiste cherche davantage à utiliser les paramètres d’une situation historique donnée tels que la peur, la suspicion, le contrôle, l’autorité, la soumission ; toutes ces notions sont liées aux questions du secret, de l’archive, de la communauté, des codes de langage qui sont les notions récurrentes dans le travail filmique ou les textes de Dora Garcia. Tel est l’objet de Segunga vez qui déplie une archive relative à la dictature Argentine et à l’exil à Barcelone du psychanalyste lacanien argentin Oscar Massota qui fut également à l’initiative de perfoemances légendaires dans les années 70.

I had nowhere to go

5 Avril – 15h30

Projection / Rencontre avec Douglas Gordon, Jonas Mekas

I had nowhere to go est un film sans images, dont le récit est porté par la voix du cinéaste. Cet exercice patient prend la forme d’un quasi essai proustien de synesthésie qui cherche à faire correspondre des couleurs à des souvenirs et à des émotions. Le film évoque de bout en bout l’impensé et l’irreprésentable de la migration, de l’exil, de la barbarie nazie, à travers le récit d’une longue fuite-traversée de l’Europe vers les États- Unis.

Pour Douglas Gordon, la genèse du film réside notamment dans le souvenir d’une œuvre ancienne réalisée en 1996 à Vienne, Raise the dead (Réveillez les morts),sous la forme d’une inscription en lettres blanches sur la façade de la Kunsthalle. Cette première évocation en 1996 de la culture des vampires et des traumas liés aux barbaries du XXe siècle  fait écho à nouveau dans le film réalisé avec Jonas Mekas à la levéedu souvenir et à la réminiscence de l’errance.

Dancehall

3 mai – 15h30

Projection / Rencontre avec Cecilia Bengolea

Cécilia Bengoléa revisite des rituels de danses collectives, qu’elle se réapproprie selon des techniques de la danse classique à pointe, en retravaillant les musiques. La tradition jamaïcaine des Dancehall ou danses de bal sont ainsi revisitées par des chants traditionnels de Géorgie, en en exacerbant la charge politique. La traversée des musiques et des danses des communautés urbaines, crées et interprétées dans les grandes villes du monde et observéesicianthropologiquement, explore toutes les formes de parodie savantes contenues dans ces créations populaires et anonymesLes planètes – mondes du Voguing, Twerk, Dancehall Weather, House, Dub Step, Hip Hop, Bashement, sont explorées selon leursécologies historiques et cultures respectives, avec une virtuosité dansante qui restituent la nature communautaire même propres à ces univers musicaux et chorégraphiques de ces étranges communautés dansantes, où l’un et le multiple sont en perpétuelle négociation

Les Disparates, Une lente introduction

7 Juin – 15h30

Projection / Rencontre avec Cesar Vayssié, Boris Charmatz

Le film Une lente introduction est une réinterprétation en 35mm de la pièce originelle Herses (une lente introduction). L’artiste Gilles Touyard en a conçu le sol, permettant un repère spatial au sein d’un noir absolu qui entoure la surface active de la danse. De façon hypnotique, des corps se rencontrent, s’emmêlent, s’enroulent dans une lenteur portée par le silence qui expose l’impermanence des figures. Le film, comme la version chorégraphiée, s’attache à élaborer trois utopies : celle du sujet, celle du couple, celle de la communauté.

Sommerspiele

4 Octobre – 15h30

Projection / Rencontre avec Ezster Salamon

S’appuyant sur des faits historiques, des souvenirs personnels et des spéculations, son deuxième film, Sommerspiele résiste poétiquement aux représentations de la propagande nazie et déstabilise notre mémoire des Jeux olympiques de 1936 à Berlin.  

Atelier des sons & expression spontanée

8 Novembre – 15h30

Projection / Rencontre avec Vincent Epplay

Le film « Atelier des sons & expression spontanée » est une libre interprétation des pratiques artistiques expérimentales en milieu scolaire dans les années 1960-1970, et plus particulièrement dans le domaine de la création sonore avec des enfants, dans le cadre des pédagogies alternatives.

One Two, Many

Projection / Rencontre avec Manon de Boer

6 Décembre – 15h30

One, Two, Many (22′, 2012) est une œuvre conçue pour la Documenta 13 de Kassel qui poursuit l’exploration des espaces d’écoute et d’interprétation de la musique passant à travers des corps. Trois grands mouvements composent l’œuvre : un premier travelling avant fait monter à l’image le portrait en gros plan d’un interprète- flûtiste filmé en train de chercher son souffle, de le sculpter, d’en explorer le grain. Un deuxième mouvement -séquence fait entendre la voix de Roland Barthes enregistrée lors des derniers cours du Collège de France consacrés à Comment vivre ensemble. Le fragment du cours porte sur les relations qui unissent pensée et voix. Enfin, un dernier mouvement est un travelling latéral en boucle qui met en scène un chœur de chanteurs interprétant Tre canti popolari de Giancito Scelsi tandis que quelques personnages tournent autour du chœur en élaborant une sorte de ronde inorganisée, plongés dans une écoute singulière.