Louise Chevillotte
Mardi 7 avril – 19h00

Le FIDMarseille et la Collection Lambert vous proposent des séances de cinéma présentant des œuvres programmées lors des récentes éditions du festival suivi d’un échange en présence des cinéastes.
Synopsis
Le 4 septembre 2021, la mère de Louise Chevillotte est morte. Elle était comédienne, et « amoureuse des poètes », selon l’inscription qu’on lira sur sa pierre tombale. Cherchant dans une malle le dernier journal intime de sa mère, Louise y découvre, écrite quelques jours avant sa mort, une phrase de René Char : « Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l’éternel ». La phrase est répétée, des points d’interrogation la signalent comme une énigme. L’aurait-elle léguée à sa fille ?
Le cheminement du récit est celui de la double enquête menée par Louise. La première enquête, poétique, cherche à comprendre, à éclairer la formule de René Char. Le crayon de la cinéaste redevenue lycéenne prend des notes, entoure les mots tandis qu’au téléphone une amie de sa mère improvise un brillant commentaire. La deuxième enquête est thanatologique : où vont, où sont nos morts ? Où les retrouver ? Louise lance le cinéma sur les traces de sa mère. Elle la cherche dans les yeux de son père et de son frère, dans les mots des amis qu’elle interroge. L’une d’eux, la poète Louise Warren, explique que le deuil est l’occasion d’une descente en soi où l’on « rencontre notre âme, nos forces vives ».
Soutenue par la caméra, Louise Chevillotte est descendue, et si l’intériorité la plus intime devient l’espace du plus universel partage, c’est que le deuil, ici, n’est nullement une épreuve qu’il faudrait traverser, mais une source, l’origine depuis laquelle le cinéma s’élance vers sa vérité fantastique. Où est Cécile Chevillotte ? Certains disent « partout », d’autres « nulle part ». Elle est dans l’épaisseur sans fonds de l’image où se rencontrent les regards de Louise et de son père, en silence, au coin du feu. Louise Chevillotte a trouvé au fond d’elle-même une manière de cadrer et de ne pas cadrer qui donne à chaque plan, qu’il soit composé ou pris sur le vif, sur pied ou à la main, une densité sûre et sans apprêt, une profondeur humble et sans manière. On sent le film porté, on devine sa fabrication, à chaque étape, bordée par un rare alliage de courage et de pudeur. Le moindre plan vibre mais aucun ne tremble.
C’est que sans jamais s’en donner l’air, ce film touche au cœur du cinéma, de sa poétique propre : c’est en donnant le sentiment aigu du passage, de la fugacité des choses, que l’image devient le lieu de leur sauvetage. « L’inaccompli bourdonne d’essentiel » : d’un tel film, cet autre vers de René Char, gravé en épitaphe sur la pierre tombale de Cécile Chevillotte, serait une parfaite épigraphe.
Cyril Neyrat
SI NOUS HABITONS UN ÉCLAIR
Louise Chevillotte
France, 2024, 77’
Mention spéciale du Jury de la Compétition Premier Film, FID 2025
Infos pratiques
- Tarif normal : 5€ – Réservation en ligne
- Gratuité (sur présentation d’un justificatif) : enseignants, moins de 25 ans, demandeurs d’emploi ou bénéficiaires de minima sociaux, membres des Amis de la Collection Lambert, journalistes, personnes en situation de handicap. Attention : Les billets gratuits sont à retirer uniquement sur place. Aucune gratuité ne peut être obtenue en ligne. Ouverture de caisse à 18h30.
