Dancehall

3 mai – 15h30

Projection / Rencontre avec Cecilia Bengolea

Dans le cadre du projet Les Yeux Verts, proposition de Pascale Cassagnau pour la Collection Lambert.

Danseuse, performeuse, vidéaste, l’artiste franco-argentine Cécilia Bengoléa fait du territoire de la danse et de la déconstruction des codes esthétiques dominants la matière même de son travail dansé. Seule ou en collaboration avec un grand nombre d’interprètes danseurs, de chorégraphes, d’artistes, tels François Chaignaud avec lequel elle a fondé en 2008 la compagnie Vlovajob Pru, Cécilia Bengoléa revisite des rituels de danses collectives, qu’elle se réapproprie selon des techniques de la danse classique à pointe, en retravaillant les musiques. La tradition jamaïcaine des Dancehall ou danses de bal sont ainsi revisitées par des chants traditionnels de Géorgie, en en exacerbant la charge politique. La traversée des musiques et des danses des communautés urbaines, crées et interprétées dans les grandes villes du monde et observéesicianthropologiquement, explore toutes les formes de parodie savantes contenues dans ces créations populaires et anonymes. Les planètes – mondes du Voguing, Twerk, Dancehall Weather, House, Dub Step, Hip Hop, Bashement, sont explorées selon leursécologies historiques et cultures respectives, avec une virtuosité dansante qui restituent la nature communautaire même propres à ces univers musicaux et chorégraphiques de ces étranges communautés dansantes, où l’un et le multiple sont en perpétuelle négociation

Chez Cécilia Bengoléa, les corps dansants, les corps sculptés, les corps numériques fantomatiques, les corps sportifs s’inscrivent tous dans la logique de métamorphoses infinies, répétées et différentes, travaillant à dire ces différences (économiques-sociales, sexuelles, culturelles) pour en développer les grammaires comparées. Leur inscription dans le paysage, dans l’architecture, dans l’écosystème précis de l’Amérique latine et des Caraïbes les dote d’un véritable statut d’index. A la manière des caméléons, les corps au travail chez Cécilia Bengoléa sont des messagers forts en communication. Filmant tous ses personnages dansant, l’artiste restitue la logique « permutationnelle » même de son écriture chorégraphique, faisant de ses images- caméléon le miroir précis des grammaires de gestes, de rythmes, de figures complexes qui portent en elles l’imagination du monde et du réel, leur portée d’utopie et d’inquiétance.