Curating in the 80’s

En partenariat avec SensoProjekt / Projection

Sol LeWitt dans : Een openbaar bad voor Münster (Une piscine publique pour Münster), de Jef Cornelis, 1987. Courtesy ARGOS et Copyright VRT.

26 mars 2020

INTERVENANTS : PATRICK JAVAULT (critique d’art AICA), CHRISTIAN BESSON ( professeur honoraire d’histoire de l’art, HEAD Genève, critique, fondateur des Archives modernes)

Curating in the 80’s. Castello di Rivoli – Münster Skulptur Projekt, de Jef Cornelis, BRT, Argos distribution, néerlandais, allemand, traduction française en voix off, 68 min., Belgique, 1985-1987. Edition JRP/Ringier 2017.

Seront présentés deux courts films de la même époque et du même réalisateur, Jef Cornelis (Bel., 1941-2018), qui a inventé une manière de témoigner de l’art de son temps pour la télévision qui reste aujourd’hui encore un modèle. Libre et créative mais sans que la créativité ne déborde sur le devoir d’information et d’éducation.  Les années 1980, entre les discours du postmodernisme et les coups publicitaires à moitié réussis autour de la peinture figurative, la reconnaissance institutionnelle de l’arte povera et de l’art conceptuel reste malgré leur bouillonnement difficile à décrypter. Parmi les phénomènes marquants de cette décennie figurent l’éclosion des musées d’art contemporain et la confrontation de l’art contemporain avec des lieux chargés d’histoire. Ouvert au public en 1984 le Castello di Rivoli, à 20 km de Turin, est un bâtiment du 18ème siècle, en grande partie dégradé, que la région du Piémont a choisi de faire revivre par l’accueil d’une grande manifestation d’art contemporain puis, devant le succès de celle-ci, de transformer le lieu en un musée. Celui-ci est aujourd’hui considéré comme le plus important d’Italie pour la scène contemporaine. Avec l’exposition inaugurale, Rudi Fuchs (P.B., 1942), auréolé du succès de sa Documenta 7 en 1982, a donné l’exemple de la façon dont l’art de l’installation aussi bien que la peinture ou la sculpture pouvaient gagner à sortir des espaces aseptisés des musées traditionnels pour se mettre en dialogue avec une véritable « maison », en l’occurrence une architecture où peut se lire le passage de l’histoire. Moins intéressé par l’art américain que par un art européen qu’il embrasse largement (Baselitz, Clemente, aussi bien que Buren, Richard Long, Luciano Fabro ou Joseph Beuys), Rudi Fuchs se voit avant tout comme un metteur en scène capable d’organiser la disposition d’œuvres existantes mais aussi comme détenteur d’un savoir-faire qui lui permet de répondre aux demandes des artistes habitués à produire des œuvres nouvelles en fonction d’un cadre donné. À l’écouter aujourd’hui, on est frappé par le fait que le grand curateur était alors moins identifié à un créateur ou à un inventeur qu’à une sorte d’expert sûr de son goût et ayant la confiance des artistes.

Münster Skulptur Projekt est une manifestation décennale (première édition en 1977) unique en son genre puisqu’elle invite des artistes à œuvrer dans l’espace public de cette ville du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et qu’au terme de l’exposition, et après consultation des habitants, certaines œuvres sont conservées. À chaque édition, les visiteurs partent à la découverte d’une ville et de son histoire (et celle de Münster est un bon miroir de l’histoire allemande) à travers les œuvres que celles-ci auront suscité chez les artistes. Dans le film que Jef Cornelis a consacré à l’édition de 1987 (qui invite aussi bien Richard Serra que Jeff Koons ou Thomas Schütte), nous bénéficions d’un touriste de choix en la personne de l’artiste Christian-Philipp Müller dont la visite guidée fait partie de la pratique artistique. Avec lui et ses remarques faussement naïves, nous avons l’impression d’entrer à l’intérieur du projet, avant d’entendre au terme du parcours les deux commissaires Kasper König et Klaus Bussmann nous exposer leur vision de l’espace public.

En présence de Christian Besson, professeur honoraire d’histoire de l’art, HEAD (Genève), critique, fondateur des Archives modernes, auteur de nombreux textes critiques et aussi organisateur de plusieurs expositions dont « Anthropologie de la montre » à l’Ensba de Nîmes en 2016. Ce spécialiste de l’histoire de la culture visuelle et de la théorie de l’exposition nous livrera surement une analyse appuyée des deux films et des deux événements qu’ils documentent. La discussion sera animée par Patrick Javault.

Renseignements

Tarif des Jeudis : 5 €
Tarif réduit : 2 € (Amis, abonnés, demandeurs d’emploi, enseignants)
Gratuit pour les étudiants

Réservation
reservation@collectionlambert.com
Dans la limite des places disponibles